La chaîne SAFRAN-CROCUS-MEPRA

Les caractéristiques du manteau neigeux sont extrêmement variables en fonction du massif, de l’altitude et de l’exposition considérés. C’est pourquoi la prévision du risque d’avalanche repose sur un réseau d’observations nivo-météorologiques le plus dense possible. Mais ces observations restent malgré tout limitées en nombre en raison de leur coût (la plupart sont manuelles). Certaines zones montagneuses sans stations de ski sont ainsi pratiquement dépourvues d’observations.

Pour réduire ce déficit, le Centre d’Etudes de la Neige a développé dans les années 90 la chaîne de modèles SAFRAN-Crocus-MEPRA comme support à la prévision du risque d’avalanche. Cette chaîne de modèles tourne sur des massifs alpins, pyrénéens et corses d’environ 400 km2. Le modèle Crocus calcule l’évolution du manteau neigeux (épaisseur, stratigraphie …) pour chaque massif tous les 300 mètres d’altitude (de 900 à 3600 m), pour 6 orientations (N, E, SE, S, SO, O) et 3 pentes (0, 20°, 40°). Le système d’analyse SAFRAN fournit les données météorologiques nécessaires en entrée de Crocus. Pour conduire son analyse, SAFRAN utilise l’ensemble des données météorologiques disponibles : données des postes nivométéorologiques, des stations météorologiques de montagne, des stations automatiques, ainsi que des sorties de modèles numériques. MEPRA, dernier maillon de la chaîne, analyse les simulations du manteau neigeux réalisées par Crocus pour produire un diagnostic sur le niveau de risque avalancheux, ainsi que sur le type d’avalanche pouvant se produire (avalanches de plaque, de neige fraîche ou humide).

La chaîne fonctionne en analyse (c’est-à-dire produit un diagnostic à un instant donné à partir de toutes les observations disponibles) ou en mode « prévision », en utilisant cette fois uniquement les données fournies par les modèles de prévision numérique du temps. Cette chaîne a été validée avec succès par comparaison avec l’enneigement d’une cinquantaine de sites dans les Alpes et les Pyrénées. Elle est également utilisée pour des applications de type recherche, comme par exemple la constitution d’une climatologie de l’enneigement alpin de 1958 à nos jours s’appuyant sur les réanalyses ERA40 du Centre Européen de Prévisions Météorologiques à Moyen Terme (CEPMMT) ou les études d’évolution de l’enneigement sous l’effet d’un changement climatique.